Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Voir, appeler, parler, toucher et guérir. C’est sur ces cinq verbes de proximité que seront jugés non seulement les pasteurs, les premiers à courir le risque d’être hypocrites, mais tous les hommes.
Les belles paroles et les bonnes manières ne suffisent pas, parce que Jésus nous demande de toucher du doigt la chair de l’autre, surtout s’il souffre. Telle est la voie du bon pasteur. Dans le passage de l’Évangile de Luc (13, 10-17), nous trouvons Jésus non pas sur la route comme c’était son habitude, mais dans la synagogue où la communauté va pour prier le sabbat. Et dans la synagogue, il y avait une femme courbée, complètement courbée et, la pauvre, elle n’arrivait pas à se tenir droite : une maladie de la colonne vertébrale qui depuis des années, la rendait ainsi. Et que fait Jésus ? Il la vit, il l’appela, il lui dit, il imposa les mains sur elle et il la guérit. Ce sont cinq verbes de proximité. Le bon pasteur ne peut être éloigné de son peuple et la proximité est le signe d’un bon pasteur. Jésus se présente toujours ainsi, proche ; cette proximité vient de ce qu’il ressent dans son cœur. Jésus s’est ému, il ressent de la miséricorde, s’approche. Un bon pasteur s’approche et a la capacité de s’émouvoir. Et je dirais que le troisième trait d’un bon pasteur est de ne pas avoir honte de la chair, toucher la chair blessée, comme l’a fait Jésus avec cette femme : il toucha, imposa les mains, toucha les lépreux, toucha les pécheurs.
C’est une proximité vraiment proche, proche. Le bon pasteur fait ce qu’a fait Dieu le Père, s’approcher, par compassion, par miséricorde. Et le grand pasteur, le Père, nous a enseignés comment on devient bon pasteur : il s’abaissa, s’anéantit, s’anéantit lui-même, s’humilia, prenant condition d’esclave. C’est précisément cela la voie du bon pasteur. Et ici, on peut se demander ce que font les autres, ceux qui suivent la voie du cléricalisme ; de qui s’approchent-ils ? Ils s’approchent toujours du pouvoir en place ou de l’argent ; ce sont de mauvais pasteurs ; ils ne pensent qu’à monter les marches du pouvoir, à être amis du pouvoir et ils négocient tout. Pensons au bon pasteur, pensons à Jésus qui voit, appelle, parle, touche et guérit ; pensons au Père qui se fait chair dans son Fils, par compassion. C’est une grâce pour le peuple de Dieu que d’avoir de bons pasteurs comme Jésus, qui n’ont pas honte de toucher la chair blessée, qui savent que sur cela - non seulement eux, mais nous tous aussi - nous serons jugés : j’avais faim, j’étais en prison, j’étais malade etc... Les critères du protocole final sont les critères de la proximité, les critères de la proximité totale pour toucher, partager la situation du peuple de Dieu.
Méditation à Sainte Marthe, le 30 octobre 2017