Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Il fut un temps où les églises étaient orientées vers l’est. C’était un symbole important pour l’homme antique, une allégorie qui a progressivement disparu au cours de l’histoire. Les anciens rites du baptême prévoyaient que les catéchumènes émettent la première partie de leur profession de foi en gardant le regard tourné vers l’occident. Et ils étaient interrogés dans cette position : « Renoncez-vous à Satan, à ses pompes et à ses œuvres ? » - Et les futurs chrétiens répétaient en chœur : « Je renonce ! ». Ils se tournaient ensuite vers l’abside, en direction de l’orient, où naît la lumière, et les candidats au baptême étaient à nouveau interrogés : « Croyez-vous en Dieu le Père, Fils et Esprit Saint ? ». Et cette fois-ci, ils répondaient : « Je crois ! ».
À l’époque moderne nous avons perdu la sensibilité au langage du cosmos. On a conservé, naturellement, la profession de foi faite selon l’interrogation baptismale. Elle reste intacte dans sa signification. Être chrétien signifie regarder la lumière, même lorsque le monde est enveloppé par les ténèbres. Les chrétiens ne vivent pas en dehors du monde mais ce sont des hommes et des femmes « orientés » : ils ne succombent pas à la nuit, mais ils espèrent l’aurore ; ils ne sont pas vaincus par la mort, mais ils aspirent à renaître ; ils ne sont pas écrasés par le mal, parce qu’ils ont toujours confiance dans les possibilités infinies du bien. Telle est notre espérance chrétienne : Jésus nous apporte sa lumière pour nous sauver des ténèbres. Nous sommes ceux qui croient que Dieu est le Père : voilà la lumière ! Nous ne sommes pas orphelins, nous avons un Père et notre Père est Dieu. Nous croyons que Jésus est descendu parmi nous, qu’il a marché dans notre vie : voilà la lumière ! Nous croyons que l’Esprit Saint œuvre sans relâche pour le bien de l’humanité : c’est l’espérance qui nous réveille chaque matin !
Il y a un autre très beau signe de la liturgie baptismale qui nous rappelle l’importance de la lumière. Au terme du rite, on remet aux parents — s’il s’agit d’un enfant — ou au baptisé lui-même — s’il est adulte — un cierge, dont la flamme est allumée au cierge pascal. Il s’agit du grand cierge qui, pendant la nuit de Pâques, entre dans l’église complètement plongée dans l’obscurité, pour manifester le mystère de la Résurrection de Jésus ; tous allument leur propre bougie à ce cierge et transmettent la flamme à leurs voisins : dans ce signe, il y a la lente propagation de la Résurrection de Jésus dans les vies de tous les chrétiens. La vie de l’Église — j’utiliserai un mot un peu fort, est une contamination par la lumière. Plus nous, chrétiens, avons de lumière de Jésus, plus il y a de lumière de Jésus dans la vie de l’Église, plus celle-ci est vivante. La vie de l’Église est une contamination par la lumière.
Rappelons-nous toujours de notre baptême. N’avons-nous pas mis notre lumière sous le boisseau ? Je voudrais vous demander : combien d’entre vous se rappellent de la date de leur baptême ? Ne répondez pas, parce que certain éprouveront de la honte ! Réfléchissez-y et si vous ne vous en souvenez pas, vous avez aujourd’hui un devoir à faire à la maison : va voir ta mère, va voir ton père, ta tante, ton oncle, ta grand-mère, ton grand-père et demande-leur : « Quelle est la date de mon baptême ? ». Et ne l’oublie plus ! Est-ce clair ? Vous le ferez ? L’engagement d’aujourd’hui est d’apprendre ou de se rappeler de la date de son baptême, qui est la date de la renaissance, qui est la date de la lumière, qui est la date où — je me permets d’utiliser un mot — nous sommes nés contaminés par la lumière du Christ. Nous sommes nés deux fois : la première à la vie naturelle, la deuxième grâce à la rencontre avec le Christ, sur les fonts baptismaux.
Quelle grâce quand un chrétien devient « porteur de Jésus » dans le monde ! On comprend cela à tant de petits détails : à la lumière qu’un chrétien conserve dans le regard, à l’air de sérénité qui n’est pas même entamé dans les moments les plus compliqués, à l’envie de recommencer à aimer même quand on a fait l’expérience de nombreuses déceptions. Si nous sommes fidèles à notre baptême, nous diffuserons la lumière de l’espérance !
Audience générale Place Saint-Pierre, le 2 août 2017