2ème semestre 2017

Regarder la mort en face

Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.

 

La mort est une réalité que notre civilisation moderne tend toujours davantage à effacer. D’autres civilisations, avant la nôtre, ont eu le courage de la regarder en face. C’était un événement raconté par les personnes âgées aux nouvelles générations, comme une réalité inéluctable qui obligeait l’homme à vivre pour quelque chose d’absolu. Il est dit dans le psaume 90 : Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! (v. 12). Compter ses propres jours a pour effet que le cœur devienne sage ! Des mots qui nous ramènent à un sain réalisme, chassant le délire de toute-puissance. Que sommes-nous ? Nous ne sommes presque rien, dit un autre psaume (cf. 88, 48) ; nos jours s’écoulent rapidement : même si nous devions vivre cent ans, à la fin il nous semblerait que tout n’ait duré que le temps d’un souffle.

Ainsi, la mort met notre vie à nue. Elle nous fait découvrir que nos actes d’orgueil, de colère et de haine étaient de la vanité : pure vanité. Nous nous apercevons avec regret de ne pas avoir assez aimé et de ne pas avoir cherché ce qui était essentiel. Et, au contraire, nous voyons ce que nous avons semé de vraiment bon : les liens d’affection pour lesquels nous nous sommes sacrifiés, et qui à présent nous tiennent la main.

Jésus a éclairé le mystère de notre mort. Comme nous, il se sent triste quand une personne chère s’en va. Il fut profondément troublé devant la tombe de son ami Lazare, et il pleura (Jn 11, 35). Et alors Jésus pria le Père, source de vie, et il ordonna à Lazare de sortir du sépulcre. Ailleurs, les Évangiles racontent l’histoire d’un père dont la fille est très malade et qui s’adresse à Jésus avec foi pour qu’il la sauve (cf. Mc 5, 21-24.35-43). Et Jésus se met immédiatement en marche avec cet homme, qui s’appelait Jaïre. Il insiste : Sois sans crainte, aie seulement la foi (Mc 5, 36). Arrivés à la maison, il réveillera la petite fille de la mort et la rendra vivante à sa famille.

À Marthe, qui pleure pour la disparition de son frère Lazare, Jésus révèle la lumière d’un dogme : Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais (Jn 11, 25-26). Le crois-tu ?

Nous sommes tous petits et sans défense devant le mystère de la mort. Mais quelle grâce si, à ce moment-là, nous conservons dans notre cœur la flamme de la foi ! Jésus nous prendra par la main, comme il prit par la main la fille de Jaïre, et il répétera encore une fois: Talitha koum, Fillette, je te le dis, lève-toi ! (Mc 5, 41). Je vous invite à présent à fermer les yeux et à penser à ce moment-là : celui de notre mort. Que chacun de nous pense à sa propre mort, et s’imagine ce moment qui viendra, quand Jésus nous prendra par la main et nous dira : « Viens, viens avec moi, lève-toi ». L’espérance finira là et ce sera la réalité, la réalité de la vie. Pensez-y bien : Jésus lui-même viendra auprès de chacun de nous et nous prendra par la main, avec sa tendresse, sa douceur, son amour. Telle est notre espérance devant la mort : la lumière de la rencontre avec Jésus, nous illuminera !

 

Extraits de l’audience générale du 18 octobre 2017