Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
L’espérance a ses ennemis, comme tout bien dans ce monde : avoir une âme vide est le pire obstacle à l’espérance. C’est un risque dont personne ne peut se déclarer exempt ; il peut arriver d’être tentés contre l’espérance même si l’on parcourt le chemin de la vie chrétienne. Les moines de l’antiquité avaient dénoncé l’un des pires ennemis de la ferveur ; ils parlaient du démon de midi qui sape une vie d’activité, précisément alors que le soleil brille dans le ciel. Lorsque les journées deviennent monotones et ennuyeuses, plus aucune valeur ne semble mériter d’effort. Cette attitude s’appelle l’acédie qui corrompt la vie de l’intérieur jusqu’à la laisser comme une enveloppe vide.
Dire que « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir » n’est pas acceptable. Au contraire, c’est l’espérance qui soutient la vie, la protège, la conserve et la fait croître. Si les hommes n’avaient pas cultivé l’espérance, s’ils ne s’étaient pas accrochés à cette vertu, ils ne seraient jamais sortis des cavernes, et n’auraient pas laissé de trace dans l’histoire du monde.
L’espérance n’est pas une vertu pour des gens qui ont l’estomac plein. Pour entrer dans le monde, Dieu a eu besoin des pauvres, de Joseph et de Marie, des pasteurs de Bethléem. Dans la nuit du premier Noël, il y avait un monde qui dormait, installé dans tant de certitudes acquises. Mais les humbles préparaient cachés la révolution de la bonté. Parfois, avoir tout eu de la vie est un malheur. Pensez à un jeune auquel on n’a pas enseigné la vertu de l’attente et de la patience, qui n’a jamais dû transpirer pour obtenir quelque chose, qui a brûlé les étapes et sait déjà à vingt ans comment fonctionne le monde ; il a été destiné à la pire condamnation : celle de ne plus rien désirer.
Quand cela arrive, le chrétien sait que cette condition doit être combattue, jamais acceptée passivement. Dieu nous a créés pour la joie et pour le bonheur et non pas pour nous complaire dans des pensées mélancoliques. Voilà pourquoi il est important de conserver notre cœur, en nous opposant aux tentations de malheur, qui ne viennent certainement pas de Dieu. Et là où nos forces nous apparaîtraient faibles et le combat contre l’angoisse particulièrement difficile, nous pouvons toujours avoir recours au nom de Jésus. Nous pouvons répéter cette prière simple, dont nous trouvons une trace également dans les Évangiles, et qui est devenue le pivot de nombreuses traditions spirituelles chrétiennes : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, aie pitié du pécheur que je suis ! ». C’est une prière d’espérance, parce que je m’adresse à Celui qui peut ouvrir toutes grandes les portes, résoudre le problème et me faire regarder l’horizon, l’horizon de l’espérance.
Nous ne sommes pas seuls pour combattre contre le désespoir. Si Jésus a vaincu le monde, il est capable de vaincre en nous tout ce qui s’oppose au bien. Si Dieu est avec nous, personne ne nous volera la vertu dont nous avons absolument besoin pour vivre. Personne ne nous volera l’espérance.
Extraits de l’audience générale du 27 septembre 2017