Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Le risque existe de se laisser tromper par une paix tranquille, artificielle, anesthésiée, portant l’écriteau « ne pas déranger ». La paix que donne Jésus est en revanche une paix réelle, réelle parce qu’enracinée dans la croix, capable de passer à travers les nombreuses tribulations quotidiennes de la vie, entre les souffrances et les maladies. Selon saint Augustin : « La vie du chrétien est un chemin entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu » (De Civitate Dei XVIII, 51).
Saint Jean (14, 27-31) écrit que lorsque Jésus dînait avec ses disciples, lors la dernière cène, il leur dit : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix et il ajoute : Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Mais nous avons entendu aussi dans les Actes des Apôtres (14, 19-28) ce passage qui raconte tout ce que Paul et Barnabé ont souffert pendant un de leurs voyages : pendant qu’ils prêchaient à Lystres, des Juifs arrivèrent d’Antioche de Pisidie et d’Iconium ; ils se rallièrent les foules, ils lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, pensant qu’il était mort. Est-ce donc la paix que donne Jésus ? Paul n’avait-il pas reçu la paix ? Les Actes racontent ensuite que les disciples faisaient cercle autour de lui et qu’il se releva pour continuer à annoncer l’Évangile. Paul continuait à travailler. Et face à tout cela, ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Donc, il s’agit d’une paix au milieu des tribulations. C’est pour cette raison qu’après avoir dit aux apôtres : « Je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je vous donne », Jésus ajoute : ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne.
Le monde nous offre une paix égoïste, faite d’assurances pour que rien ne manque. Le monde nous anesthésie pour ne pas voir une autre réalité de la vie : la croix. Mais peut-on trouver la paix dans la tribulation ? Par nous-mêmes, dans la douleur, la maladie, la mort, c’est impossible : ce ne peut être qu’un cadeau de Jésus, un don de l’Esprit Saint.
Cette paix au milieu des tribulations n’est pas obtenue par stoïcisme ou fakirisme. C’est vraiment quelque chose d’autre, c’est un don qui nous fait aller de l’avant. La paix de Dieu est une paix réelle qui s’insère dans la vie telle qu’elle est. Parce que la vie est ainsi : il y a la souffrance, il y a les malades, il y a tant choses laides, il y a les guerres, mais cette paix intérieure, qui est un cadeau, ne se perd pas, elle fait aller de l’avant en portant la croix et la souffrance.
Plus couramment, quand on se met en colère et qu’on perd la paix, quand le cœur se trouble, c’est que manque l’ouverture à la paix de Jésus ; parce qu’on n’est pas capable de porter la vie comme elle vient, avec les croix et les douleurs qui se présentent, par ce qu’on ne demande pas : « Seigneur, donne-moi ta paix ». C’est une belle grâce à demander aujourd’hui, que le Seigneur nous fasse bien comprendre comment est cette paix qu’il nous offre avec l’Esprit Saint.