1er semestre 2017

Chemin de Croix au Colisée

O Christ laissé seul et trahi, même par les tiens, et vendu à bas prix.

O Christ jugé par les pécheurs, livré par les chefs.

O Christ torturé dans la chair, couronné d’épines et vêtu de pourpre. O Christ giflé et atrocement cloué.

O Christ transpercé par la lance qui a déchiré ton cœur.

O Christ mort et enseveli, toi qui es le Dieu de la vie et de l’existence.

O Christ, notre unique Sauveur, nous revenons à toi cette année aussi avec les yeux baissés de honte et avec le cœur plein d’espérance:

De honte pour toutes les images de dévastations, de destructions et de naufrage qui sont devenues ordinaires dans notre vie;

Honte pour le sang innocent quotidiennement versé par des hommes, des enfants, des immigrés et des personnes persécutées en raison de la couleur de leur peau ou bien de leur appartenance ethnique et sociale et de leur foi en Toi;

Honte pour les trop nombreuses fois où, comme Judas et Pierre, nous t’avons vendu et trahi et laissé mourir seul pour nos péchés, en fuyant lâchement nos responsabilités;

Honte pour notre silence devant les injustices; pour nos mains paresseuses pour donner et avides pour arracher et conquérir; pour notre voix forte pour défendre nos intérêts et timide pour parler de ceux d’autrui; pour nos pieds rapides sur la voie du mal et paralysés sur celle du bien;

Honte pour toutes les fois où nous évêques, prêtres, personnes consacrées, nous avons scandalisé et blessé ton corps, l’Eglise; et où nous avons oublié notre premier amour, notre premier enthousiasme et notre totale disponibilité, en laissant rouiller notre cœur et notre consécration.

Tant de honte Seigneur, mais notre cœur est aussi nostalgique de l’espérance confiante que tu ne nous traiteras pas selon nos mérites, mais uniquement selon l’abondance de ta Miséricorde; que nos trahisons ne font pas disparaître l’immensité de ton amour; que ton cœur, maternel et paternel, ne nous oublie pas à cause de la dureté de nos entrailles;

L’espérance certaine que nos noms sont gravés dans ton cœur et que nous nous trouvons dans la pupille de tes yeux;

L’espérance que ta Croix transforme nos cœurs endurcis en cœurs de chair capables de rêver, de pardonner et d’aimer; transforme cette nuit ténébreuse de ta Croix en aube resplendissante de ta Résurrection;

L’espérance que la foule d’homme et de femmes fidèles à ta Croix continue et continuera à vivre fidèlement comme le levain qui donne la saveur et comme la lumière qui ouvre de nouveaux horizons dans le corps de notre humanité blessée;

L’espérance que ton Eglise cherchera à être la voix qui crie dans le désert de l’humanité pour préparer la route de ton retour triomphal, quand tu viendras juger les vivants et les morts;

L’espérance que le bien vaincra malgré sa défaite apparente!

O Seigneur Jésus, Fils de Dieu, victime innocente de notre rachat, face à ton étendard royal, à ton mystère de mort et de gloire, face à ton échafaud, nous nous agenouillons, pleins de honte et d’espérance, et nous te demandons de nous laver dans le bain de sang et d’eau qui sortirent de ton Cœur lacéré; de pardonner nos péchés et nos fautes;

Nous te demandons de te rappeler de nos frères fauchés par la violence, par l’indifférence et par la guerre;

Nous te demandons de briser les chaînes qui nous gardent prisonniers dans notre égoïsme, dans notre aveuglement volontaire et dans la vanité de nos calculs mondains.

O Christ, nous te demandons de nous enseigner à ne jamais avoir honte de ta Croix, à ne pas l’instrumentaliser mais à l’honorer et à l’adorer, car avec celle-ci, Tu nous as manifesté la monstruosité de nos péchés, la grandeur de ton amour, l’injustice de nos jugements et la puissance de ta miséricorde. Amen.

Mont Palatin, le 14 avril 2017