Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Le passage du prophète Ézéchiel que nous avons entendu nous parle de l’eau qui descendait de dessous le côté droit de la Maison, au sud de l’autel, une eau bénie, un véritable torrent, beaucoup beaucoup d’eau. Une eau bienfaisante puisqu’au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Ces arbres sont clairement le symbole de la grâce, de l’amour et de la bénédiction de Dieu. Et le psaume ajoute : heureux l’homme qui est comme un arbre planté près d'un ruisseau, et qui symbolise l’homme juste et bon.
Quant à l’évangile, il nous parle des cinq portiques de la piscine de Bethesda. Sous ces portiques gisaient une multitude d'infirmes, aveugles, boiteux, impotents. La tradition voulait que, de temps à autre, un ange descende du ciel pour agiter les eaux et que les premières personnes qui se jetteraient alors à l’eau soient guéries. Ces gens attendaient donc toujours, espérant la guérison. Parmi eux, il y avait un infirme qui était là depuis au moins trente-huit ans. Et Jésus, qui connaissait le cœur de cet homme et qui savait qu’il était dans ces conditions depuis très longtemps, lui dit : Veux-tu guérir ?
Face à une question de ce genre, tous les autres qui étaient là, infirmes, aveugles, boiteux, impotents, auraient dit : « Oui, Seigneur, oui ! ». Mais cet homme répond à Jésus de façon étrange : Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. Sa réponse est donc une lamentation : « Mais regarde Seigneur, comme la vie a été dure, a été injuste avec moi. Tous les autres peuvent guérir et moi, depuis 38 ans j’essaie, mais ... ».
C’est une description du péché de paresse, un mauvais péché. Cet homme était malade, non pas tant de paralysie, mais de paresse, qui est pire qu’avoir le cœur tiède, pire encore. La paresse consiste à vivre parce qu’il faut bien vivre, à ne pas avoir envie d’aller de l’avant ni de faire quelque chose dans la vie : c’est avoir perdu la mémoire de la joie. Et d’ailleurs, cet homme ne savait même pas ce qu’était la joie, il l’avait perdue.
Il s’agit d’une vilaine maladie, qui conduit à se cacher derrière des justifications : « la vie a été injuste avec moi, je suis bien comme cela, je me suis habitué ... ». Derrière les paroles de ce paralytique on perçoit du ressentiment, de l’amertume de son cœur. Et pourtant, Jésus ne le réprimande pas ; il le regarde et dit : Lève-toi, prends ton grabat et marche. Et l’homme prend son grabat et s’en va.
La paresse est un mauvais péché. Ce péché peut toucher tout homme : c’est un péché qui paralyse. Il nous empêche de marcher. À nous aussi, Jésus dit aujourd’hui: « Lève toi, prends ta vie comme elle est, belle ou mauvaise, prends-la et va de l’avant. N’aie pas peur, va de l’avant avec ton grabat ».
La première question que le Seigneur pose à tous aujourd’hui est donc : « Veux-tu guérir ? ». Si nous répondons : « Oui, je veux guérir. Oui, Seigneur, aide-moi, je veux me relever », alors nous connaîtrons la joie du salut.
Méditation à Sainte Marthe, le 28 mars 2017