Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Parmi les nombreuses journées spéciales que l’on célèbre pour les motifs les plus variés, il serait utile de consacrer une journée pour écouter. Nous sommes tellement plongés dans la confusion, dans les paroles, dans la hâte, dans notre égoïsme, dans la mondanité, que nous risquons en effet de rester sourds à la parole de Dieu, de laisser notre cœur s’endurcir et de perdre notre fidélité au Seigneur. Il faut s’arrêter et écouter.
Mais pourquoi devons-nous nous arrêter ? La réponse se trouve dans le refrain du psaume responsorial (94) : Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix ! N’endurcissez pas vos cœurs. Le prophète Jérémie (7, 23-28), quant à lui, rapporte le drame de ce peuple qui n’a pas voulu, qui n’a pas su écouter : Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple. Aujourd’hui, quand nous ne nous arrêtons pas pour écouter la voix du Seigneur, nous finissons par nous éloigner de lui, nous lui tournons le dos. Si l’on n’écoute pas la voix du Seigneur, on écoute d’autres voix. Et à force de nous boucher les oreilles, nous devenons sourds, sourds à la parole de Dieu.
Et qu’entraîne une telle surdité ? Quand un peuple, une communauté, et disons même une communauté chrétienne, une paroisse, un diocèse se bouche les oreilles et devient sourd à la parole du Seigneur, on cherche d’autres voix, d’autres maîtres et on finit avec les idoles, les idoles que le monde, la mondanité, la société offrent. C’est-à-dire que l’on s’éloigne du Dieu vivant.
Mais ce n’est pas l’unique conséquence car notre cœur s’endurcit ; quand on n’écoute pas, le cœur devient plus dur, plus refermé sur lui-même, dur et incapable de recevoir quelque chose. Ce n’est donc pas seulement une fermeture, mais aussi de la dureté de cœur, un processus négatif qui conduit à perdre le sens de la fidélité.
Et ce n’est pas tout. En effet, le vide intérieur que nous créons par notre infidélité, comment se remplit-il ? Il se remplit d’une manière confuse, dans laquelle on ne sait ni où est Dieu, ni où il n’est pas, et on finit par le confondre avec le diable.
C’est ce que décrit l’évangile de saint Luc (11, 14-23) : Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration. Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. C’est un blasphème, et le blasphème est la dernière étape de ce parcours qui commence avec le fait de ne pas écouter, qui endurcit le cœur, qui te fait tout confondre, qui te fait oublier la fidélité et qui nit en blasphème. Le malheur consiste donc à oublier cette admiration qui débuche sur l’écoute de la Parole de Dieu.
C’est pourquoi chacun de nous doit aujourd’hui se demander : « Est-ce que je m’arrête pour écouter la parole de Dieu, est-ce que la Bible me parle, mon cœur s’est-il endurci ? Me suis-je éloigné du Seigneur ? Ai-je oublié d’être fidèle au Seigneur pour vivre avec les idoles que m’offre la mondanité de chaque jour ? Ai-je perdu la joie de l’étonnement de la première rencontre avec Jésus ? ».
Aujourd’hui est une journée pour écouter. Demandons la grâce d’écouter pour que notre cœur ne s’endurcisse pas.
Méditation à Sainte Marthe, le 23 mars 2017