Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Le mauvais riche, un homme vêtu 'de pourpre et de fin lin' qui 'chaque jour menait une joyeuse et brillante vie', peut-être était-il un homme religieux, à sa façon. Peut-être priait-il deux ou trois fois par an. Il se rendait sûrement au temple pour faires des sacrifices et donnait de belles offrandes aux prêtres, et ces derniers, avec leur pusillanimité cléricale, le remerciaient et le faisaient asseoir à la place d'honneur. Mais il ne se rendait pas compte qu'à sa porte, il y avait un mendiant, Lazare, avec tant de douleurs, symboles de tout ce dont il avait besoin.
Lorsqu'il sortait de chez lui, peut-être que la voiture avec laquelle il sortait avait des vitres teintées pour ne pas voir dehors, peut-être, je ne sais pas... Mais il est sûr que son âme, les yeux de son âme étaient assombris pour ne pas voir. Il voyait seulement sa vie et ne se rendait pas compte de ce qui était arrivé à cet homme, il n'était pas méchant : il était malade. Malade de mondanité.
Et la mondanité transforme les âmes, fait perdre la conscience de la réalité : ils vivent dans un monde artificiel, construit par eux. La mondanité anesthésie l'âme.
C'est pour cela que cet homme mondain n'était pas capable de voir la réalité, la réalité de nombreux pauvres qui vivent à nos côtés. De nombreuses personnes vivent une vie difficile, mais si j'ai un cœur mondain, je ne le comprendrai jamais. Avec un cœur mondain, on ne peut pas comprendre la nécessité et le besoin des autres. Avec un cœur mondain, on peut se rendre à l'église, on peut prier, on peut faire tant de choses. Mais Jésus, lors de la dernière cène, quelle était sa prière adressée au Père ? 'S'il te plait, Père, protège ces disciples afin qu'ils ne tombent pas dans le monde, dans la mondanité'.
C'est un péché subtil et plus qu'un péché : c'est un état d'âme pécheur […] Lorsque le pauvre homme mondain, dans les tourments, demande d'envoyer Lazare avec un peu d'eau pour l'aider, que répond Abraham ? Abraham est la figure de Dieu, le Père. Que répond-il ? 'Fils, souviens-toi…'. Les mondains ont perdu leur nom ; même nous, si nous avons un cœur mondain, nous perdons notre nom. Mais nous ne sommes pas orphelins. Jusqu'à la fin, jusqu'au dernier moment, nous pouvons être sûrs que nous avons un Père qui nous attend.
Fions-nous à lui. Il nous appelle 'fils', au milieu de cette mondanité. Fils ! Nous ne sommes pas orphelins.
À Sainte-Marthe, le 5 mars 2015