Il existe des non-citoyens : ils ne sont pas seulement des "anonymes" ; ils sont des "anti-hommes"
Le texte qui suit est tiré
de la prédication orale du Saint Père.
Ses propos ne sont donc pas textuels.
Il semble vraiment que chaque ville, même celle qui paraît la plus prospère et ordinaire, ait la capacité de générer en elle une obscure anti-ville. Il semble qu'à côté des citoyens il existe aussi des non-citoyens : des personnes invisibles, pauvres en moyens et en chaleur humaine, qui habitent des non-lieux, qui vivent des non-relations. Il s'agit d'individus à qui personne n'adresse un regard, une attention, un intérêt. Ils ne sont pas seulement les anonymes ; ils sont les anti-hommes. Et cela est terrible.
En face de ces tristes scénarios nous devons toujours nous rappeler que Dieu n'a pas abandonné la ville ; Il habite dans la ville. Oui, Dieu continue à être présent, même dans nos villes si frénétiques et distraites ! C'est pourquoi il ne faut jamais s'abandonner au pessimisme et au défaitisme, mais garder un regard de foi sur la cité, un regard contemplatif qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places.
Et Dieu n'est jamais absent de la ville parce qu'il n'est jamais absent du cœur des hommes ! L'Église veut être au service de cette recherche sincère présente dans tant de cœurs et qui les rend ouverts à Dieu. Les fidèles laïcs, spécialement, sont appelés à sortir sans crainte pour aller à la rencontre des hommes de la ville : dans les activités quotidiennes, dans le travail, seuls ou en famille, avec la paroisse ou dans les mouvements ecclésiaux dont ils font partie, ils peuvent briser le mur de l'anonymat et de l'indifférence qui souvent règne souverainement dans la ville. Il s'agit de trouver le courage de faire le premier pas qui nous rapproche des autres, pour être des apôtres des quartiers.
Dans la ville, il y a souvent un terrain d'apostolat beaucoup plus fertile que ce que nombre de personnes imagine. C'est pourquoi il est important de prendre soin de la formation des laïcs : les éduquer à avoir ce regard de foi, plein d'espérance, qui sache voir la ville avec les yeux de Dieu. Voir la ville avec les yeux de Dieu. Les encourager à vivre l'Évangile, sachant que toute vie vécue chrétiennement à toujours un grand impact social. En même temps, il est nécessaire d'alimenter en eux le désir du témoignage, afin qu'ils puissent donner aux autres avec amour le don de la foi qu'ils ont reçu, en accompagnant avec affection ceux de leurs frères qui vivent les premiers pas dans la vie de foi. En un mot : les laïcs sont appelés à vivre un rôle protagoniste humble dans l'Église et à devenir ferment de vie chrétienne pour toute la ville.
À l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs, le 7 février 2015