Le Samedi Saint se situe entre le Vendredi Saint où l’on commémore la Passion et la mort de Jésus et celui de la joyeuse fête de Pâques. Ce jour-là, les fidèles se recueillent dans le jeûne et la prière ; ils méditent sur la mort et la mise au tombeau de Jésus ainsi que sa descente aux enfers. à la différence des disciples qui étaient dans la sidération et l’effroi après la mort de Jésus, les chrétiens, qui expérimentent l’absence de Dieu et le jeûne eucharistique, sont dans l’attente fébrile de sa résurrection.

Nous professons aujourd’hui que Jésus est descendu aux enfers. Mais qu’est-ce à dire ? Dieu est mort dans la chair ; il s’est endormi pour un peu de temps afin de réveiller du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers. Dans le royaume des morts, la voix de Dieu retentit. Le Christ, muni de sa Croix, l’arme de sa victoire, s’avance vers les brebis perdues que sont Adam et Ève pour les délivrer , ainsi que tous leurs descendants, pour les arracher aux ténèbres et les entrainer avec lui, vers la Lumière et vers la Vie.

Nous pouvons être nous aussi dans les ténèbres du fait de nos soucis d’ordre médical, économique, familial… ; par nos péchés, nous sommes morts à la vie de Dieu. Mais en ce jour béni, entendons cette Parole : « Éveille-toi au toi qui dors, relève toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera ! » Le Christ vient nous visiter dans nos enfers et nous en arracher. Il vient comme oxygéner ces zones ankylosés de nos existences pour y apporter son Salut. Pas un lieu de mort ne lui échappe. Il nous conduit de la servitude à la liberté, de la tristesse à la joie et des ténèbres à la lumière. Le samedi saint nous apprend à entrer dans l'espérance, dans une attente dynamique, comme le veilleur attend l’aurore (Ps 129), de la Résurrection.

Aujourd’hui, bien de nos contemporains vivent comme au jour du samedi saint, dans un sentiment d’absence de Dieu, comme si Dieu était mort. Leur existence se passe sans qu’ils se sachent aimés de Lui. Mais comment pourraient-ils le savoir si personne ne leur annonce cette Bonne Nouvelle ? Ne soyons pas des chrétiens endormis qui se laissent appesantir par les fardeaux de la vie, mais au contraire soyons des porteurs d’espérance, des témoins de la Résurrection. Ne soyons pas « des chrétiens de salon », donnons à l’humanité de redécouvrir le visage de Dieu comme Père des miséricordes en témoignant, par nos actes et nos paroles, de son dessein bienveillant.